Afrique centrale : Entre festivités et revendications
Afrique centrale : Entre festivités et revendications

Afrique centrale : Entre festivités et revendications
Cameroun : Quand la fête du 1er mai éclipse les revendications syndicales
Au Cameroun, la célébration de la Fête internationale du Travail, ce 1er mai 2025, met en lumière un malaise persistant au sein du mouvement syndical. Si le défilé coloré et festif du boulevard du 20 mai à Yaoundé a rassemblé des milliers de travailleurs sous le thème officiel « Dialogue social et travail décent pour un Cameroun serein », de nombreux syndicats dénoncent la perte de sens revendicatif de cette journée, traditionnellement dédiée à la défense des droits des travailleurs.
Une fête qui prend le pas sur la contestation
Depuis plusieurs années, les syndicats camerounais constatent que la dimension festive du 1er mai prend le dessus sur l’expression des doléances et des luttes sociales. Les défilés, souvent orchestrés par les autorités, laissent peu de place aux discours critiques ou à la présentation publique des revendications. Cette évolution suscite une frustration croissante au sein des organisations syndicales, qui estiment que la fête du Travail a perdu sa vocation première : celle d’être un espace de mobilisation pour l’amélioration des conditions de vie et de travail.
Le boycott comme signal d’alerte
Cette année, la contestation s’est traduite par des actions concrètes. Les syndicats de la Cameroon Radio Television (CRTV), la télévision publique, ont annoncé leur boycott de la célébration officielle. Ils dénoncent un climat social tendu, l’obsolescence de la convention collective, des problèmes de santé et de sécurité au travail, ainsi que le non-respect des engagements en matière d’assurance maladie. Pour eux, participer à la fête sans obtenir de réponses à leurs préoccupations reviendrait à cautionner une situation jugée injuste.
Un dialogue social contesté
Le gouvernement, pour sa part, mise sur le dialogue social et la sérénité, comme en témoigne le thème choisi cette année. Cependant, de nombreux syndicalistes et travailleurs remettent en question la réalité de ce dialogue, pointant du doigt l’absence de réformes structurelles, la répression de certaines manifestations et le manque de prise en compte des revendications, notamment dans les régions anglophones.
Entre festivités et attentes sociales
Si la fête du 1er mai reste un moment de cohésion et de visibilité pour le monde du travail au Cameroun, elle révèle aussi les limites du modèle actuel, où la célébration tend à éclipser la contestation. Les syndicats appellent à un recentrage de cette journée sur sa dimension revendicative, afin que la voix des travailleurs ne soit pas noyée sous les festivités, mais serve de levier pour des avancées concrètes en matière de droits sociaux et de conditions de travail.
En somme, le 1er mai camerounais de 2025 illustre la tension persistante entre la fête et la revendication, et pose la question du sens à redonner à cette journée pour qu’elle redevienne un véritable moteur de progrès social.
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